L'île des dragons
Il y a 2 millions d’années, alors que les premiers représentants de l’espèce homo commençaient à trébucher en Afrique, les Megalania parcouraient l’Australie. Ce lézard carnivore de 8 mètres de long prospéra jusqu’à sa quasi extermination par les aborigènes fraichement débarqués aux alentours de 40’000 avant notre ère. Les survivants trouvèrent refuge sur les territoires retirés d’Indonésie. Aujourd’hui on trouve ces derniers sur une poignée d’îles dont celle de Komodo.
Un soir il y a 25 ans un petit garçon brave le couvre-feu parental en allumant sa lampe de chevet sous sa couverture. Il parcourt en rêvant un petit livre usé par de nombreuses lectures.
Il faut se méfier des livres qu’on met entre les mains des enfants.
Le 20 mai 2016 Isa, Mélodie, Mathieu et moi posons le pied sur l’île de Komodo… Mais revenons au début de cette histoire qui ne commence ni sur l’Australie du pléistocène, ni dans la chambre d’un petit garçon, ni sur l’île de Komodo.
Après une longue journée de voyage nous quittons avec soulagement le petit avion à hélices dans lequel nous avons voyagé entre Denpasar et la ville de Labuan Bajo sur l’île de Flores. Après un rapide passage à notre hôtel nous partons explorer le port où nous embarquerons le lendemain pour une croisière de 4 jours. La mer, les bateaux de pêche et le coucher de soleil sont magnifiques. Sur le quai les enfants jouent parmi les détritus où d’énormes rats grignotent leur repas du soir. Peu avant la disparition des derniers rayons nous regagnons la rue principale de la ville pour faire les courses de première nécessité pour les 3 prochains jours : des bières et des gâteaux.
Aéroport de Denpasar
Labuan Bajo
Labuan Bajo
Labuan Bajo
Labuan Bajo
Labuan Bajo
Labuan Bajo
Labuan Bajo
Labuan Bajo
Nous embarquons sur le Versace tôt le matin. Nos compagnons de voyage nous rejoignent par petit groupe dans les 2 heures qui suivent. Avec l’équipage de 5 personnes nous sommes 21 à prendre le large. Nous sommes en fait bien plus nombreux en comptant les cafards et les puces qui habitent ce vieux navire au moteur bruyant et au confort minimaliste. Mais en ce premier jour de navigation cela semble sans importance et je retrouve avec délice le roulis qui m’avait manqué depuis l’Australie.
Nous débarquons sur l’île de Rinca après 2 heures de trajet. Dès que nous pénétrons dans le village qui sert de base aux rangers nous rencontrons les dragons qui paressent à l’ombre des arbres ou sous les maisons. Les habitations sont surélevées pour éviter que les plus grands lézards du monde ne viennent engloutir la nourriture ou les animaux domestiques (on va manger le p’tit chat). Je suis surexcité à la vue de ces majestueux animaux et je supplie Isa de me laisser prendre un petit pour le ramener avec nous en Belgique. Après tout on a largement la place dans notre 50 mètres carré, Kevin est à peine moins grand et la colocation s’était très bien passé. Et puis il n’aura pas besoin de beaucoup de nourriture, juste une chèvre tous les mois. Finalement avec sa langue super longue il doit faire des super léchouilles. Aucun de mes arguments ne réchauffera son cœur de glace.
Rinca
Rinca
Rinca
Rinca
Rinca
Les survivants quittent l'île de Rinca.
Plus tard dans l’après-midi nous débarquons à Komodo où nous rencontrons de nouveaux varans qui roupillent près d’une maison abandonnée. Les apathiques lézards déçoivent certains de nos compagnons qui pensent qu’ils ont été drogués pour permettre aux touristes de les voir sans effort. En fait les dragons et les humains cohabitent paisiblement depuis de nombreux siècles. Il n’est pas nouveau d’en trouver qui font la sieste dans les villages. Comme les croyances locales affirment que les varans sont la réincarnation des ancêtres, il est considéré de bon ton de leur offrir de temps à autre des chèvres en sacrifice. Les dragons gobent l’offrande d’un coup avant de somnoler/digérer pendant un mois.
Komodo
Komodo
Mathieu apprend avec intérêt que les varans mangent leurs petits et ont 2 pénis. Komodo
Komodo
Le soleil se couche alors que nous quittons l’île de Komodo. Nous jetons l’ancre pour la nuit dans une crique proche. Nous sommes rejoints rapidement par des barques à la peinture écaillée. Leurs équipages viennent nous vendre à prix d’or le nécessaire pour passer une bonne soirée : des bières, des chips, des cigarettes et des figurines en bois représentant les féroces dragons. Alors que je nettoie la sueur de la journée en me baignant dans la mer, les renards volants s’élèvent de la mangrove voisine.
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